Le lieu où vivre. Subtopie, utopie, dystopie dans la littérature et le cinéma de Pier Paolo Pasolini
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Il faut attendre le dernier projet cinématographique inachevé de Pier Paolo Pasolini, Porno Théo Kolossal, pour trouver dans son œuvre des systèmes spatiaux circonscrits présentés comme utopies. Pourtant, il est possible d'apercevoir dans sa littérature et dans son cinéma non seulement des thèmes, des personnages et des espaces de l'utopie (le topos de l'éden et de l'habitat rêvé, l'enfer et le paradis de Dante et de Giotto, des figures de la marche et du voyage, les motifs eschatologiques), mais également un processus dialectique qui se répète sans cesse et qui marque tout aussi bien l'histoire de l'utopie : l'évocation de l'éden bascule vers la représentation d'un paradis métaphorique, qui prend la forme d'une véritable utopie, avant que cette dernière ne se renverse en son contraire dystopique. Les nombreux motifs utopiques dans l'œuvre pasolinien ne sont donc pas de simples récurrences thématiques : ils donnent à voir une matrice de son univers, déchiré entre le fantasme inconsolable du paradis perdu et l'aspiration irréfrénable vers le Pays Idéal, que la propagation du modèle néocapitaliste éloigne de plus en plus de l'horizon du réel. Il est alors possible de relire la littérature et le cinéma de Pasolini à travers le prisme de l'utopie, comprise en même temps comme tradition littéraire et comme « pensée qui reçoit » cette tradition (ce qu'Alexandre Cioranescu a appelé l'« utopisme »). De sa poésie frioulane à Salò en passant par l'utopie du Décaméron, sa poétique de l'espace révèle un regard qui transforme constamment les lieux en symboles, et les symboles en lieux, faisant jaillir dans son œuvre un archipel de cités utopiques et dystopiques.
Mots-clés libres : Subtopie, utopie, dystopie, espace, voyage, hétérotopie, éden, enfer, paradis, Pasolini, cinéma, littérature.
Pasolini's last unfinished film project, Porno Teo Kolossal, presents a series of closed spatial systems that work as utopias. But before that, it is possible to perceive in his literature and cinema, not only subjects, characters and spaces that refer to utopia (such as the Garden of Eden and its perfect environment, the representation of hell in Dante and Giotto's medieval artwork, characters embodying the art of walking or who are on a long journey, or eschatological component), but also a dialectical process which keeps repeating itself and which has influenced the history of utopia as well: the evocation of Eden switches to the representation of a metaphorical heaven, which takes the form of a real utopia, and soon even becomes its opposite : a dystopia. The numerous utopian patterns that can be found in Pasolini's work are not only a leitmotif: they give shape to his artistic universe, torn between the inconsolable fantasy of the lost paradise and the inexorable will to reach the ideal land, destroyed little by little by the neocapitalistic world. Therefore, it is possible to look at Pasolini's art through the prism of utopia, seen at the same time as a literary tradition and as "a train of thought that derives from" this tradition (as Alexandre Cioranescu puts it when talking about "utopism"). From his friulian poems to Salò, as in his utopia depicted in The Decameron, Pasolini's poetics of space reveal a constant transformation of places into symbols, and symbols into places, creating an archipelago of utopian and dystopian cities.
Keywords : Subtopia, utopia, dystopia, space, journey, heterotopia, eden, hell, paradise, Pasolini, cinema, literature.
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