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Manifestée dans nos familles, communautés, couches sociales et à travers des générations, la révolte demeure l'expression du refus de l'injustice, l'affirmation de soi et la revendication de ses droits. Elle est pour l'homme un moyen indispensable pour la quête de la justice et de la liberté. L'étude comparée de la révolte dans les oeuvres d'Albert Camus et d'Ahmadou Kourouma propose d'élucider l'essence de la révolte, sa légitimité et sa nécessité. Ils illustrent que la révolte peut être légitime mais pas toujours nécessaire. Camus définit la révolte comme un éveil de la conscience sur l'absurdité de la vie, le destin et l'injustice sociopolitique. Pour Kourouma, la révolte consiste à dire « non » devant l'inacceptable. Ils s'accordent pour dire que la révolte est primordialement un éveil de la conscience permettant à l'homme de transcender sa condition, son destin et de survivre au mal par des actions concrètes. D'une part, Camus prône l'abstraction de Dieu et des dieux dans le déterminisme du destin et en attribue le pouvoir à l'homme. De l'autre, Kourouma ne condamne pas catégoriquement le recours à Allah, aux dieux et aux puissances mystiques des traditions africaines. Mais il exige de l'homme, plus d'objectivité, de lucidité et de vigilance vis-à-vis des pratiques religieuses trompeuses. Pour la révolte sociopolitique, souvent caractérisée par la violence et le désastre, Camus et Kourouma
proposent le respect de l'ordre et la reconnaissance des limites régissant toute intervention physique ou armée, fut-elle sophistiquée ou non. Car, de telles interventions perpétuent les combats entre sociétés et nations et déstabilisent la paix. Ainsi, la révolte et la révolution deviennent une question d'éthique et de morale. Aussi, promeuvent-ils le dialogue comme le garant de la paix et de la coexistence pacifique qu'il ne faut jamais sous-estimer. Ainsi, Camus et Kourouma ramènent le débat autour de la révolte à une dimension temporelle et spatiale basée sur l'amour, la fraternité et la solidarité. Car, puisque rien n'est jamais permanent, même notre existence, l'homme devra à chaque instant, « tout recommencer », sachant que le temps et la patience rendent toute chose parfaite.