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L’exposition aux polluants peut durablement affecter la santé humaine. Parmi ces polluants, certains agissent comme perturbateurs endocriniens (PE) connus pour être à l’origine de diverses maladies chroniques. Bien que leur impact sur la survenue de cancers soit difficile à évaluer, certains d’entre eux, comme le Bisphénol A (BPA) sont classés parmi les cancérigènes.
Le développement des tumeurs cancéreuses est souvent la conséquence de mécanismes et d’interactions complexes avec leur microenvironnement. Et certaines interactions potentielles entre les cellules cancéreuses et leur microenvironnement peuvent ainsi orienter l’évolution de la tumeur. Parmi celles-ci, les jonctions communicantes sont les seules permettant une communication directe entre les cellules et ont été souvent associées par leur absence ou par la présence aberrante de leur protéine de structure, les connexines, dans le développement des tumeurs solides. Ainsi, dans le cas des tumeurs cérébrales que sont les glioblastomes, la présence d’une connexine particulière, la connexine 43 (Cx43), semble favoriser leur forte capacité invasive.
Prenant en compte ce contexte particulier, les effets du microenvironnement tumoral (astrocytes), de l’exposition au BPA et de ses dérivés chlorés ainsi que le rôle de la Cx43 dans la capacité invasive des cellules de glioblastome humains ont été étudiés par des approches in utero et in vitro. A cette fin, pour l’approche in utero, les effets d’une exposition au BPA et ses dérivés chlorés ont été évalués par injections quotidiennes dans des souris femelles (20μg/kg/jour) durant la gestation (E0 à E21) et la lactation (J0 à J6), et ce, dans des contextes différents d’expression de Cx43 par l’utilisation de souris WT ou Cx43+/-. Les effets in vitro du BPA et ses dérivés chlorés ont été testés sur des cellules de glioblastome humain (lignée U251) exprimant différents niveaux de Cx43 par shRNA.
Les résultats montrent que le BPA et ses dérivés chlorés affectent l’expression de la Cx43 et la communication jonctionnelle mais aussi la migration des cellules U251 selon le niveau d’expression de la Cx43. Les traitements in utero affectent également l’expression de la Cx43 des astrocytes et augmentent la communication jonctionnelle sans effet notable sur la migration. Cependant, d’une manière générale, les traitements ne semblent pas agir sur la fonction hémicanal de la Cx43. Par ailleurs, si le BPA augmente la migration, l’invasion 3D et le nombre d’invadopodes des cellules U251, les effets sont plus hétérogènes sur les cellules dont l’expression de Cx43 est diminuée. Ainsi, sur ces cellules, la migration 3D est diminuée après traitement à des dérivés chlorés alors que l’invasion 3D augmente après traitement au BPA et que le nombre d’invadopodes est augmenté quelles que soient les conditions de traitement. De plus, l’ajout de milieu d’astrocytes WT ou Cx43+/- semble augmenter la capacité migratoire et invasive des cellules U251 avec une forte augmentation du nombre des invadopodes quelle que soit le niveau d’expression de la Cx43 sauf pour la migration, inchangée, lorsque l’expression de la Cx43 est diminuée.
En conclusion, le BPA et ses dérivés chlorés sont capables d’affecter l’expression et la fonction communicante de la Cx43. De plus, ces traitements ainsi que les astrocytes semblent favoriser les capacités migratoire et invasive des cellules U251 en augmentant le nombre des invadopodes selon le niveau d’expression de la Cx43.