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D'une manière générale, les villes moyennes en France, font valoir leurs atouts touristiques par la valorisation de leur patrimoine et par leur situation d'interface entre les métropoles et les espaces ruraux. En concurrence avec les métropoles, les villes moyennes, sur le plan touristique, présente une image brouillée. Si, dans l'esprit du plus grand nombre, le statut de «ville moyenne» est souvent associé à une certaine qualité de vie, à une taille humaine et conviviale, il décline aussi plusieurs autres représentations moins positives : villes de passages, villes qui ne méritent pas un déplacement «spécifique», villes trop petites, villes «dont on fait rapidement le tour».
L'orientation prise, ces dernières décennies, par les politiques publiques locales et nationales, a une part de responsabilité dans cette situation de fait. En effet, malgré leur place importante sur le plan économique et urbanistique, les villes moyennes françaises ont toujours été victimes d'un intérêt limité en matière touristique.
Comme toutes les autres villes moyennes, Poitiers, Tours et Limoges sont des villes riches en patrimoine. Malgré leur différence de taille et de situation, ces villes sont reconnues comme étant «des villes où il fait bon vivre». Ce sont des villes qui comptent beaucoup dans l'histoire de France, Poitiers en tant que ville universitaire depuis toujours, Tours en tant que ville royale et enfin Limoges pour ses différents savoir-faire industriels.
Villes d'Art et d'Histoire, - Poitiers depuis 1985, Tours depuis 1988 et Limoges depuis 2008 -, le patrimoine constitue toujours un atout essentiel pour le développement touristique de ces villes, même s'il n'est pas le seul critère permettant à ces trois villes moyennes d'être attractives. En effet, Poitiers, Tours et Limoges bénéficient de beaucoup d'atouts touristiques. La bonne situation géographique de ces trois villes moyennes représente l'un de ces atouts, même si elle est plus visible pour Tours et Poitiers que pour Limoges. L'environnement de ces trois villes moyennes est le deuxième atout. Sans le Futuroscope, les châteaux de la Loire, Oradour-sur-Glane, le plateau de Millevaches… Les politiques touristiques mises en oeuvre sur ces territoires auraient certainement été différentes de celles d'aujourd'hui. Mais ces deux atouts ne sont pas suffisants, nous le constatons dans ce travail, pour faire de ces entités urbaines de vraies destinations touristiques. Notamment dans le contexte actuel, où non seulement les attentes des touristes ont changé, mais aussi, la définition même de «ce qui fait tourisme» a changé. C'est l'analyse de ces mutations qui a motivé notre engagement scientifique dans cette thèse.
L'objectif de cette thèse est de montrer comment les villes moyennes peuvent s'appuyer sur d'autres atouts que le patrimoine pour faire évoluer leur statut de villes de passage à de vraies destinations touristiques, à travers la participation «experte» des habitants et des citoyens, sans en occulter les difficultés. Pour ce faire, l'étude des différentes représentations de toutes les parties prenantes de l'offre touristique était indispensable, ainsi que l'analyse des modes d'implication d' acteurs qui participent, aujourd'hui de fait, au développement touristique de Poitiers, Tours et Limoges, de manière différente que les opérateurs «classiques» du secteur touristique, liée plutôt à leurs pratiques et leurs expériences de vie (Greeters, couchsurfers, propriétaires de chambres d'hôtes, restaurateurs, etc).